Les Ferry …

Hier dimanche, nous avons assistés à Bon Kathin dans la pagode d’un petit village aux alentours de Siem Reap, le village de Phirom, notre ancien gardien pour ceux qui suivent vraiment excellement bien notre blog, ou ceux qui le connaissent.

Évidemment, pour la majorité d’entre nous Kathin n’évoque rien. Et je dois confesser qu’avant-hier, ce nom ne m’évoquait qu’un site de fouilles polonais durant la seconde guerre mondiale, mis à jour par les allemands. Donc aucun rapport avec le Cambodge (bien que…) et encore moins avec le bouddhisme.

Alors qu’est-ce que Bon Kathin ? Et bien c’est une fête. C’est une fête qui prend place après Tchoum Ben (la fête des morts) dans laquelle les cambodgiens se rassemblent pour faire des offrandes aux bonzes. C’est lors de cette cérémonie qu’on peut leur offrir une nouvelle toge notamment.

Voilà trois mois que les Bonzes n’avaient pas le droit de sortir de leur monastère (sauf pour l’aumône quotidienne je crois). Cette période de retraite prend fin. C’est bientôt la fin de la saison des pluies… donc l’occasion de les pourvoir en habits neufs et de remiser les vieilles loques. On peut aussi offrir tout un tas de choses (j’avais dressé un inventaire exhaustif de ce qu’un moine recevait pour un bassi à Luang Prabang), et bien sûr de l’argent. La pagode de ce petit village est en construction, je suppose qu’ils trouveront à l’employer. Il n’y a qu’un Bon Kathin par pagode et par an.
C’est le Bouddha lui même qui en aurait fixé le calendrier et le rite.

Bon Kathin est organisé par des laïcs.
Vous ai-je dit que toutes les cérémonies sont dirigées par un personnage particulier qu’on nomme ici l’Anchar ? Cet homme se doit de connaître les protocoles, les bénédictions rituels. C’est le maître de cérémonie, je ne sais pas si on lui prête quelques pouvoirs thaumaturgiques mais ça ne m’étonnerait pas.

L’Achar en train de psalmodier au milieu des fidèles. Tout le monde est assis par terre. Les jambes pliées sous lui. Il serait très impoli de tendre ses jambes vers les bonzes ou Bouddha. La positions est difficile à tenir pour nous qui n’avons pas l’habitude.


Donc, disais-je, Bon Kathin est organisée pas des laïcs. Et cette année, le Bon Kathin de ce petit village a été organisé par notre propriétaire (entre autres) qui nous y a conviés. La cérémonie commence à l’aube, par des prières. A onze heures, les moines se restaurent (les moines n’ont jamais le droit de se nourrir avant onze heures. On fait sonner le gong pour les inviter à venir se sustenter). Ensuite c’est le repas des fidèles. Notre proprio voulait qu’on y mange, mais ils ont mangé plus rapidement qu’elle ne pensait, du coup, elle nous a apporté le repas à la maison. Un repas de fête.
C’est seulement ensuite que nous nous sommes rendus à la pagode.
La suite de la cérémonie ? D’abord une bénédiction… Puis tout le monde sort, et forme un cortége qui va faire 3 fois le tour de la pagode (dans le sens des aiguilles d’une montre). On porte en procession les offrandes : musique, danseuses, parasol… Tout le monde s’est fait beau.

Khan, comme une des principale organisatrice reçoit l’honneur de porter sur la tête une partie des dons. Elle n’a pas l’air très adroite et elle trouvera le moyen de refiler l’honneur de porter les offrandes en procession à quelqu’un d’autre.

Une petite video vaut mieux qu’un long discours:

Les deux individus masqués s’appellent les Kayas. Sophal en avait peur quand elle était petite me raconte-t-elle. Ils sont présents à chaque Bon Kathin.

Sophie clôt de cortège.
Ensuite re-bénédiction et on offre les offrandes aux moines. Ensuite tout le monde se sépare.

Nous sommes super contents de vivre des moments pareils.
Certes on ne comprend pas tout ! Loin de là, mais ce sont des vrais moments de partage. Ces gens qui m’accostent dans la pagode, pour me demander combien j’ai d’enfant, me dire que Pauline est jolie… Faire un peu connaissance.

Cette femme n’a pas arrêté de me parler tout le long de la cérémonie. Nous étions avec Laétitia et son fils. Donc il fallait que j’explique : laquelle est ma femme ; le petit garçon n’est pas le mien… l’âge de chacun ; ce que nous faisions ici ; et combien elle a d’enfant, que la mienne est plus jolie que la sienne parce qu’elle est blanche, et moi de dire que la sienne est superbe, que la peau noire c’est très jolie aussi…. etc… etc… toute la cérémonie durant….

Il faut dire que c’est moins protocolaire que dans nos églises.On discute ( pas trop fort tout de même), on distribue de l’eau, on nous invite à faire des photos, on fume…

Cela n’empêche pas une réelle ferveur que j’avais vu s’exprimer sur certains visages.

Décidément j’aime beaucoup ce pays. En grande partie pour la qualité des gens qui le peuplent.

RAF