Les Ferry …

Il y a bien longtemps que ni Sophie ni moi n’avions été surpris de la sorte !
Nous étions partis en Asie pour découvrir des choses que nous ne connaissions pas. Mais comme cela fait plus d’un an que nous valises n’ont pas connu la joie des chaos de la route, et que nous connaissons de mieux en mieux notre pays d’accueil, il faut bien dire que nos surprises s’estompent.
Aussi laissez-moi vous narrer les circonstances de notre dernière découverte.

C’était vendredi soir. Le vendredi soir c’est notre soirée à Sophie et à moi. Nous laissons Pauline à Sophal et hop ! à nous les folles nuits Siem-reapoises !
Mais là, ça s’annonçait mal ! En effet, ce vendredi soir c’était le repas de l’ISSR. Tout le personnel de l’école y était convié. Impossible d’y échapper. Nous nous attendions donc à un de ces repas d’entreprise comme nous en avons tous connus.

D’ailleurs c’est peut être parce que nous attendions à passer une soirée un peu barbante, pleine de relations codées et polies que notre surprise fut aussi grande.

Nous fûmes conviés au restaurant Pyongyang ( Pyongyang est la capitale de la Corée de Nord République populaire démocratique de Corée).
Il faut savoir qu’ici les corréens représentent la plus grande communauté d’expatriés, ils sont plus de 900 (les français ne sont que 350) et aussi la plus grande partie des touristes. Le Cambodge est pour eux la destination exotique et pas chère pour tourisme de masse. Un peu comme la Tunisie pour nous.
Nous nous attendions à un resto pour hordes d’asiatiques et nous ne fûmes pas déçus : un resto fait pour recevoir des flots et de flots de coréens déversés par une noria de bus : une très grande salle assez moche – genre salle des fêtes intercommunale -le peu de décoration étant kitch à souhait. De grandes tablées. Heureusement nous sommes en pleine morte saison -Même pour les coréens ! Il n’y a donc pas grand monde. J’imagine que l’endroit plein, en haure saison, se transforme en anti-chambre de l’enfer. Environ 400 clients !

Nous sommes arrivés dans les premiers. De charmantes serveuses nous apportèrent tout de suite de quoi nous sustenter. Un buffet. Une farandole d’une dizaine de plats, à base de porc, de poissons, d’œuf. Pas mauvais. Certains trucs assez bons. Comme nous attendions que les autres invités arrivent pour commercer à manger, les charmantes serveuses nous dardaient de coups d’œil interrogateurs ne comprenant pas pourquoi nous ne mangions pas dès que nous fumes servis.
Il faut dire que c’est avec les corréens que nous avons le plus d’incompréhensions culturelles. Leurs comportements parfois nous stupéfient, nous laisse pantois. J’imagine que la réciproque doit être vraie.
Une fois les autres invités arrivés, nous avons commencé à manger (froid). Nos voisins étaient charmants et la conversation roulait. Assez bonne soirée.

C’est là qu’est arrivé le coup de théâtre ! En un instant nos serveuses se sont muées en de ravissantes chanteuses et danseuses et nous ont livré un spectacle qui nous a laissé bouche bée.

Parfois accompagnée de guitares, d’une batterie, d’un clavier, d’un… accordéon (si,si), parfois par une bande enregistrée, parfois par un Karaoké que les initiés pouvaient suivre sur un écran, les mignonnettes aux sourires imperturbables ont chanté et dansé pendant plus d’une demie-heure. Quand elles ne participaient pas à un tableau, elles retournaient en salle pour s’assurer que nos verres de bière étaient bien pleins.
On m’a dit que la majorité des chansons étaient des chants à la gloire du marxisme-léninisme et de la géniale clairvoyance du « Cher Leader » Kim Jong-il qui malgré, les embûches semées par les états capitalistes, impérialistes, et réactionaires sur la route de la liberté socialiste, mène le peuple Nord coréen vers des lendemains qui chantent ! Ça je n’en sais rien… En tout cas elles chantent !

Je vous laisse apprécier la grâce de ces jeunes femmes et le swin de la chanson en visionnant cette video. Si l’un d’entre vous comprend le Coréen qu’il soit assez aimable pour me dire s’il s’agit d’une chanson d’amour ou d’un hymne à la gloire des ouvriers de l’industrie sidérurgique.

C’est l’une des rumeurs qui courent sur l’endroit. Il y en a une autre qui prête moins à sourire.

Ces jeunes filles, qui servent, chantent, dansent, font la vaisselle et nettoient le resto quand les clients sont partis seraient ici comme au bagne. En effet, voilà ce que l’on raconte :
Ces jeunes filles feraient ici un stage dans le cadre de leur étude de musique. Aussitôt atterries, un minibus vient les chercher et les dépose devant le restaurant. Elles s’y enfournent et n’en sortent jamais ! Passeport confisqué, surveillées, entraînées sans arrêt, elles ne pourraient pas trop parler aux clients (de toute façon leur niveau d’anglais leur interdit toute conservation avec un occidental au delà de : « Encore une bière ? »).
En cas de « défaillance », un rapport est aussitôt envoyé en Corée de Nord et on s’en prendrait à leur famille. Elles restent donc ici entre 3 et 6 mois sans pouvoir sortir du resto ! Un jour, un mini bus vient les chercher, les conduit à l’aéroport et » hop ! » : direction le dernier état stalinien du monde !

Franchement s’il n’y avait pas ça, nous y serions retournés, parce que ça vaut le détour. Mais ce serait cautionner cet esclavage. Donc…
Il faudrait que le Cher Leader laisse un peu de liberté à ses cheerleaders (et à ses millions de compatriotes d’ailleurs)

Raf

Voilà l’article tel qu’il ce finissait le 24 septembre.
Depuis je sias que j’ai écrit , au moins partiellement, des conneries. J’ai rencontré quatre des filles qui faisaient tranquillement des emplettes de fringues au marché (au phsar Leu). Je n’ai pas pu rentré en contact avec elles car leur niveau d’anglais est vraiment très mauvais. J’aurai du vérifié ce que l’on m’a dit et que j’ai reproduit benoîtement.
Ça m’apprendra.
Je dois donc vous présenté des excuses et à ce restau aussi.
Pardon.
Raf