Bon Oum Touk

Vous l’avez certainement appris à la lecture de la presse : au Camdodge nous fêtions la fin de la saison des pluies. Bon oum touk , la fête de l’eau coïncide avec la plaine lune de Novembre. Il s’agit de remercier le Mékong de l’eau et des poissons qu’il a apportés.

C’est une des plus grandes fêtes cambodgienne. Des millions de personnes convergent vers les villes pour assister aux courses de bateaux. Les campagnes se dépeuplent et les villes sont bondées. Ce genre de course est très prisée dans toute la région. Il existe même des compétitions internationales, notamment dans le cadre des jeux asiatiques qui viennent de se dérouler à Canton (en Chine)
Nous fûmes tout de même assez étonnés de voir qu’il existait aussi une compétition féminine. A Siem Reap il y avait une bonne dizaine de bateaux exclusivement feminins.

ici, d’habitude, y a pas un chat…

Chaque village a son bateau, il est entreposé généralement à la pagode. C’est donc, vous l’imaginez un sport très populaire. Les meilleurs de chaque province convergent sur Siem Reap ou Phnom Penh pour participer aux courses les plus prestigieuses.

C’est très technique comme sport, il faut pagayer en rythme et faire attention à son équilibre.

Certains sont moins doués ou moins entraînés…

Nous espérions bien sur que certains concurrents la fatigue aidant,
finissent par verser.
Auquel cas, la brigade d’intervention était parrée…

Non, bien sur je plaisante, ce sont des éboueurs, chargés de ramasser tout ce qui flotte sur l’eau avant que ça n’atteigne la tribune officielle…

La soirée se continuait par un feu d’artifice et par une cérémonie touchante où les cambodgiens déposent sur le fleuve des petits bateaux faits de feuilles de bananiers ou de papier sur lesquels ils déposent des offrandes, de l’encens, des bougies. Hélas, pour nous, après une bonne après midi passée dans la foule, il était temps de rentrer. Donc on vous racontera ça l’année prochaine.

Voilà, cet article aurait pu s’arrêter là s’il n’y avait pas eu le drame de Phnom Penh qui fut retransmis sur les télévisons du monde entier.
Qu’en dire ? Je ne sais pas trop. Qu’on nous avait déconseillé d’aller à Phnom Penh parce qu’il y avait un monde fou, impossible de circuler. Donc ça tout le monde le savait et ce n’était un secret pour personne…
Quant on reste… un service de sécurité qui visiblement n’a rien anticipé, un brin de malchance, et puis la foule… c’est toujours con une foule. C’est pour ça que ça me fait peur la foule, pour le degrés de connerie que c’est capable de générer; que ce soit à un concert, un meeting politique, un match de foot ou ici à une fête traditionnelle.
En tout cas, une commission ad hoc a été nommée pour enquêter sur les causes du désastre. C’est peut être parce qu’elle est composée de politiques et de fonctionnaires que la commission des droits de l’homme basée à Hong Kong a exhorté le gouvernement à rechercher les véritables causes du drame.

Une rumeur court comme quoi, en plus du pétinement, certaines victimes auraient été électrocutées. L’armée aurait utilisé des canons à eau pour dégager la foule, mais des câbles électriques aurait été rompus causant ainsi des victimes supplémentaires.

Une autre rumeur veut que si la majorité des victimes viennent de la campagne, c’est parce que le gens de Phnom Penh savaient que ce pont n’était pas fiable.

L’enquête fera le point … peut être.

Les images de la catastrophe passent en boucles sur les télévisons nationales. Demain est décrété jour de deuil national, l’école sera fermée.
Le premier ministre a décrété que chaque famille de victime recevrait la somme de 1250 $ en dédommagement…. Mais l’identification des victimes reste le principal problème. N’oublions pas que toutes les campagnes environnantes se sont déversées sur Phnom Penh ce jour là et qu’il faut bien trouver les gens qui serait capable de reconnaître un cadavre (et s’assurer qu’ils disent vrai…).

Toujours est-il que les services d’urgence furent vite complètement débordés.

Alors comme me l’a demandé quelqu’un , qu’en pense le cambodgien de la rue ?

Difficile à dire. En effet quand je leur en parle; ils me font un large sourire, « Houlà Houlà, beaucoup de personne sont mortes ! » et certains rigolent un peu.
J’ai cru déjà remarqué un certain fatalisme chez eux, commun d’ailleurs avec les laotiens. Peut être du à leur religion commune et au fait que des drames il y en a eu pour tout le monde ici. Un genre de « c’est dommage, mais c’est comme ça, on y peut rien… »
Le bouddhisme enseigne qu’il faut maîtriser ses émotions et ne pas être attaché ni au gens ni aux choses. Ça joue peut être. Et puis aussi une certaine pudeur.

Hier on a demandé à tous les cambodgiens de mettre une bougie devant chez eux avec quelques offrandes, beaucoup de gens l’on fait.

Par contre le prix des cercueil s’est envolé. A Phnom Penh il est passé de 60 $ à 300 $! Comme quoi, la loi de l’offre et de la demande ne perd pas de sa pertinence en cas de deuil national.

« Cercueil à fleurs pour les pauv’momes ou à roulettes pour les vieillards » H.F. Thiefaine

A Siem Reap, c’est un garçon de huit ans qui s’est noyé, je ne sais pas exactement comment…

Raf

Posté le 24 novembre 2010 par dans Cambodge

Une réponse to “Bon Oum Touk”

  1. labourel robert :

    27 novembre 2010 at 18:07

    bonjour,
    oui on a vu cela, c’est terrible. Les grandes catastrophes arrivent souvent dans cette partie du globe. Ils ont le soleil, une vie différente, un bonheur ….. différent du nôtre, mais c’est loin, trop loin.