Le Baci suite

Il est difficile de raconter une cérémonie à laquelle on ne comprend pas grand chose… On ne sait pas ce qui est important et ce qui l’est moins. Quelles en sont les étapes, les points forts et leur signification. On ne sait pas ce que l’on attend de vous, ce qu’il faut ou ne pas faire. Bref, on garde les yeux grands ouverts, on imite son voisin.
Les préparatifs ont occupé toute la journée d’hier. De veilles femmes sont venues pour fabriquer des compositions florales à base de feuille de bananiers. D’autres s’occupaient à préparer le diner.
Vilay (la maitresse de maison) a mesuré notre tour de tête et a découpé un cierge à la même longueur, elle y a fait un nombre d’entailles égal à notre âge. Ces cierges ont brulé avec ceux de sa famille.
Ensuite les bonzes sont arrivés, onze bonzes venant de trois pagodes différentes et accompagnés de bonzillons. Cela sont restés à la porte sur un banc, durant toute la cérémonie.

Les participants ont pris place à mesure qu’ils arrivaient. On se poussait pour leur laisser une place, ils échangeaient quelques mots certainement comme « Tient, salut machin ! Comment vas tu ? Moi tu sais c’est les intestins qui me font souffrir….. Oh c’est joli ce que tu portes, ça a du coûter cher…. etc » enfin c’est ce que j’imagine à leur ton et à leurs gestes. bref, au début un joyeux petit bordel qui ne semblait gêner personne, ni les bonzes, ni le maitre de cérémonie qui avait commencé son office.


Et puis les bonzes ont commencé leurs prières, des sortes de litanies psalmodiées de leur voix étranges. Ça a duré environ une heure. Le plus dur, pour nous, pauvres falangs, outre la température (hier il faisait prés de 40° et nous nous retrouvions à plus d’une trentaine confinés dans le salon), le plus dur, donc c’est de tenir la position. En effet il ne faut pas que les pieds soit dirigés vers les bonzes (c’est extrêmement impoli !), alors on les plie sous soi. Ça va bien cinq ou dix minutes. Mais au bout d’une heure, on en verra plus d’un de ces grands corps se déplier sous les grimaces, tituber dans les premiers pas, se tenir le dos, à souffrir de crampes.

Un moine viendra nous bénir en nous aspergeant d’eau (?), ce qui nous fera le plus grand bien. Et ensuite ils s’en vont. Pour soulager les plus vieux, les bonzillons qui ont patiemment attendu jusqu’alors viennent chercher les cadeaux que nous avions préparés la veille.

La cérémonie se poursuit. Vilay empoigne par poignée des billets de 1000 Kips (qui avaient été savamment pliés la veille, pour former un petit entonnoir dans lequel fut déposé quelques grains de riz) et les jette dans l’assistance avec des bonbons. Aussitôt, les petites vieilles percluses de rhumatismes jusqu’alors se transforment en furies et se battent (presque) pour récolter le plus de billets. Je suis totalement surpris, dépassé, surclassé. A peine ai-je repris mes esprits, que tous les billets ont disparu. J’arrive à chopper un bonbon qu’il me faudra surveiller car on essayera de me piquer.

Ensuite les même petites vieilles, qui quelques minutes plus tôt se battaient bec et ongles, retrouvent leur douce bonhommie, nouent autour de nos poignets des fils de coton et récitant des bénédictions. Ce fil de coton avait été préalablement béni par les bonzes. C’est sympa, on se retrouve tous avec force de bracelets porte-bonheur.

La fête se poursuit bien sur autour d’une bon repas et de bière lao et de lao-lao. Elle ne finira que tard dans la nuit.

Je suis navré de la description que je vous livre. Je suis totalement conscient que son défaut est événementiel. Hélas, mes maigres connaissances de la culture Laotienne limitent mon propos. Ce que j’en retiens peut être c’est l’importance du travail de préparation, la solennité bonhomme des participants et la joie de la fête.

RAF.

Posté le 23 avril 2010 par dans Le Laos, Le voyage

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