les 80 ans de la « Ieille ».

Hier soir, nous sommes allées à un anniversaire. Aux 80 ans de la mère de Mitchout.
Michout est une femme très gentille qui travaille comme femme à tout faire chez notre propriétaire. Elle se lève à l’aube, et n’arrête qu’au soir. Elle enchaine ménage de la propriété, des appartements, fait à manger, débarrasse, remplasse le gardien quand il n’est pas là, bref, elle est indispensable. Elle travaille 7 jours sur 7 de 6H du matin à tard le soir. Tant qu’on a besoin d’elle, elle se doit être là.

Nous l’affectionnons particulièrement et nous avons toujours de bons échanges avec elle.
Nous sommes déjà allés au mariage de son fils, et hier, nous avons été convié à l’anniversaire de sa mère.
Celle-ci vie seule dans une maison en paille, à presque 1H d’ici, au fin fond de la khmèritude rurale.
Sa maison que Mitchout nous invite à visiter :


Le coin cuisine :

Sophal m’expliquait que même si la Ieille (comprendre, la grand-mère en Khmer) est en forme et peut se débrouiller seule, Mitchout aimerait arrêter de travailler pour aller s’occuper d’elle. Mais si elle s’arrête de travailler, il n’y aura plus de revenu. Mitchout n’est pas la seule de la famille, mais les autre garçons sont mariés et doivent subvenir à la charge de leur belle famille. C’est pourquoi, me dit Sophal, il est important d’avoir beaucoup de filles.

Par tradition, une fille qui se marie, reste dans la maison familiale. Les personnes âgées ici sont prises en charges par la famille, donc par leur(s) fille(s). Et toute la famille vit dans une maison. En paille pour les plus pauvres, en bois quand on a un peu plus les moyens. Parfois, des chambres sont aménagées pour séparer les couples. Parfois des cloisons comme chez Sophal, parfois, et bien plus souvent par des tentures.
La Mère de Mitchout n’a pas d’autre fille qu’elle. Et Mitchout est seule, son mari étant décédé il y a plus d’une dizaine d’années.
Cela pose véritablement un problème pour la prise en charge future de sa mère.

Il faut savoir aussi que les fêtes se passent souvent en semaine. Nous sommes parti vers 18H ce mardi. Nous avons véritablement galéré sur une bonne partie de la route. Défoncée et sablonneuse sur des kilomètres, ce ne fut vraiment pas une partie de plaisir… Mais comment est cette route à la saison des pluies ? Nous n’osons nous l’imaginer. Et comment font donc les gens dans ces moments-là ? Isolés de tout ?

Donc les fêtes se passent toujours de la même façon : il y a des tables rondes recouvertes de nappes, des chaises recouvertes aussi de tissus.
Dès que vous arrivez vous êtes accueillis par votre hôte, qui vous présente à sa famille; les gens concernés par l’événement. Puis on vous invite à vous assoir, et quand la table est remplies d’invités on vous sert à manger et à boire, avec des gens toujours au petit soin pour vous rechercher des glaçons, de la bière ou d’autres plats. L’alcool des festivités c’est la bière et l’alcool blanc fait maison; de riz, de canne… On « boit » beaucoup, on trinque et on se régale de plats traditionnels et de fête. Ce jour là c’est du bet chop : Nouille blanche que l’on met dans un bol que l’on recouvre d’herbes et de crudités, et que l’on arrose copieusement d’une sauce poisson ou d’une sauce aux cacahuètes et tamarin avec de la viande, soit aux poissons et noix de coco. C’est tout bonnement un régal.

Il y a toujours de la musique, plus ou moins forte, lors des mariages, on vous l’a déjà dit, la musique est insupportable pour nous autres « barangs ». (européens)
Mais ici, une fois n’est pas coutume, c’est la TV qui fait le « bruit » et qui va être au centre de l’attention de beaucoup de personnes.

Pauline ne s’est pas ennuyée. En effet, Mitchout a ramenée à sa mère un petit chiot. Elle a pu jouer avec lui le temps de notre présence la-bas.

Nous ne nous sommes pas attardés. D’une part parce qu’il y avait le trajet en sens inverse à reprendre, Pauline ayant école le lendemain, mais aussi, parce que durant ses fêtes, on s’attable, on mange, (parfois on peut être invités à danser) puis on donne ensuite une enveloppe à notre hôte que l’on remercie de son invitation, et on s’en va laisser la place à d’autre invités, qui arrivent aux comptes gouttes durant toute une journée, voir plus.
Ainsi peuvent défiler des centaines d’invités.

La « Ieille » : un peu à l’écart de la fête avec d’autres personnes de son âge. Sans doute pour être plus au calme.
Nous la remercions et la saluons comme il se doit, avec le plus grand respect dû à son âge.


Tout autour de l’espace de fête, se dresse ces petites constructions, faites pour l’occasion, des genres de petits autels.
Mais Sophal n’a pas été capable de m’en dire la signification. De tout temps elle les voit qui se dressent à chaque fois que l’on fête une personne.

La Sof

NB de Raphael:
1 Les vieux ici on les appele « grand père » ou « grand mère » (ta ou ieille). C’est une marque de respect.
2 Mitchout est tellement gentille que sachant que je suis végérarien, elle m’a fait une sauce spéciale sans viande. D’habitude dans ce genre de cérémonie je ne fais pas mon chiant et mange ce qu’on me donne pour faire honneur à mon hôte. Mais j’apprecie vraiment cette délicate attention.

Posté le 29 février 2012 par dans Cambodge