La fête des eaux

Ce que nous traduisons comme étant la fête des eaux (et qui serait plutôt la fête des pirogues), une des plus importante fête Khmère a été annulée cette année par le gouvernement suite aux inondations. Comment s’amuser, organiser des courses de pirogues quand l’eau est partout ? Quand on ne peut plus passer sous les ponts et que les nombreux spectateurs risquent d’être emportés par le courant ? Même si à Siem Reap la situation est redevenue normale, comment s’amuser sur l’eau quand elle a tant meurtri le pays ? Donc annulation des festivités décrétée par le premier ministre.

Mais il est une chose que les autorités ne pouvaient interdire : c’est le rite bouddhiste qui veut qu’au soir de la pleine lune, les fidèles se rassemblent pour mettre à l’eau des offrandes.

On confectionne des petits bateaux en feuilles de bananier, on y met une bougie, de l’encens on les met à l’eau en rémission de ses péchés.

La rivière se couvre alors de dizaines de petites embarcations illuminées. C’est très joli.

Maintenant, il y a aussi des petits marchands qui ont confectionné ses derniers jours de petites embarcations. Ils les vendent le long des berges. On peut les acquérir pour un dollar. Les petits coeurs décorés de papiers colorés se disputent avec des fleurs de lotus plus traditionnelles. Les fidèles allument les bougies, l’encens, font quelques prières et les confient contre quelques piécettes à des gamins dont le rôle est de nager jusqu’au milieu de la rivière pour que le courant les emporte bien.

Je dois dire que je ne suis pas très rassuré par ces enfants, leur talent natatoire ne me paraît pas très affirmé. Aucun système de sécurité, même pas une corde qui permettrait de les ramener sur la rive, si leur force venait à manquer. Toujours est-il que bon-an mal-an ils assument parfaitement leur mission, n’hésitant pas à ramener sur la berge l’offrande dont la bougie s’est éteinte. On la rallume et les voilà repartis.

Nous aurions bien aimé sacrifier à ce rite. C’est joli. C’est une fois par an. Mais nous ne l’avons pas fait. Pourquoi ? Tout simplement parce que toutes les petites embarcations que nous avons trouvées étaient en plastique. J’imagine que ça flotte mieux, que ça se conserve mieux, que c’est plus facile à décorer. Mais … Notre fibre écolo se refusait de laisser partir vers le lac ce qui finirait par être un détritus de plus.

Bien grands benêts que nous sommes ! Un tel comportement prouve bien, s’il en était besoin, que nous avons encore beaucoup à apprendre du Cambogde. En effet, ces petites embarcations en plastique sont récoltées en aval, là où elles finissent par échouer, par d’autres enfants qui les revendront pour trois fois rien à ceux qui les ont fabriquées et qui les revendront eux-même l’année prochaine après leur avoir donner un petit coup de neuf.
Raf

Posté le 27 novembre 2011 par dans Cambodge, L'Orient