Les Quatre Nobles Vérités

Il est temps maintenant d’aborder le cœur du Bouddhisme : les Quatre Nobles Vérités.
Il s’agit des vérités découvertes par le Bouddha lors de sa méditation. C’est elles que le Bouddha enseigna aux cinq moines qui étaient ses ex-compagnons, dans le parc des biches à Bénarès. Ce prêche joue un rôle capital dans le Bouddhisme car c’est le premier et tout le Bouddhisme y est présent.
Alors de quoi s’agit-il ?

« Le Bouddha enseigne sa doctrine »

Première Noble Vérité :

L’homme souffre. De la naissance à la mort, l’homme souffre. C’est une souffrance physique (la maladie par ex) aussi bien que morale (la limitation, l’impermanence des choses) et éthique (c’est le mal que nous faisons).
Qu’est ce que la souffrance ? « C’est naître, vieillir, tomber malade, être uni à ce que l’on n’aime pas, être séparé de ce qu’on aime, ne pas réaliser son désir » répond le Bouddha

Deuxième Noble Vérité

Qu’est-ce qui cause cette souffrance ? C’est l’ignorance. L’ignorance qui nous fait désirer des choses fausses. Ce désir qui cherche à être apaisé, mais qui ne le peut pas, nous conduit de réincarnation en réincarnation dans une roue sans fin. Le désir nous conduit à des actions mauvaises (au sens non appropriées) qui produisent du Karma qui dirigent nos réincarnations qui sont elles mêmes souffrances …. etc.

Troisième Noble Vérité :

C’est donc la suppression de cette ignorance, de ces désirs qui mène au Nirvana. Car si on arrête la cause du mal, on supprime le mal.

Quatrième Noble Vérité :

Comment parvenir à la suppression de ces désirs ?
Par ce que le Bouddha appelle « l’Octuple sentier » :
Connaissance droite : vision juste ou compréhension juste de la réalité, des quatre nobles vérités
Pensée droite : discernement juste (dénué d’avidité, de haine et d’ignorance)
Langage droit : ne pas mentir, ne pas semer la discorde ou la désunion, ne pas tenir un langage grossier, ne pas bavarder oisivement
Action droite : respect des Cinq Préceptes :
o Ne pas tuer
o Ne pas voler
o Ne pas avoir de mauvaise conduite (généralement interprété comme ne pas commettre d’adultère)
o Ne pas mentir
o Ne pas boire de boisson enivrante (ni de drogue, en fait ne pas perdre le contrôle de soi)

Existence droite : moyens d’existence justes ou profession juste
Effort droit : persévérance juste (de vaincre ce qui est défavorable et d’entreprendre ce qui est favorable)
Attention droite : pleine conscience ou prise de conscience juste (des choses, de soi – de son corps, de ses émotions, de ses pensées -, des autres, de la réalité)
Méditation droite : concentration, établissement de l’être dans l’éveil

Nb : certains auteurs traduisent « Samma » par « droite » d’autre par « juste » et d’autre « parfait »… je vous laisse choisir

Voilà (en un très gros résumé) la doctrine Bouddhiste.

la quête des bonzes à Luang Prabang


Quelques remarques s’imposent d’elles-mêmes.

– Les Nobles Vérités n’ont pas été révélées au Bouddha, il ne les a pas inventées non plus, il les a seulement découvertes.
– Le Bouddha à une démarche thérapeutique. Sa démarche est comparable à celle d’un médecin : il diagnostique un mal, en cherche la cause et détermine le traitement.
– Si le mal dont souffre l’humanité est universel, le remède l’est aussi. Chaque homme souffrant des mêmes problèmes ontologiques, le même traitement peut s’appliquer.
– Puisque le problème de l’homme se trouve dans l’homme, il n’est pas besoin (et même c’est funeste) de chercher des solutions hors de lui. Ici, pas de salut qui est octroyé par une divinité, mais simplement une discipline.

Un bonzion au sommet d’un temple d’Angkor


Aux questions du pourquoi de l’univers, de la cosmogonie, le Bouddha ne répond pas. Il use d’une parabole:
« Un homme qui est atteint d’une flèche, va-t-il demander avant d’être soigné, qui a décoché cette flèche ? Quel âge a-t-il ? Quelle est sa caste ? De qui est-il le fils ? S’il est blanc ou noir Etc. Un tel homme mourrait avant qu’il ait les réponses.
Ainsi un homme qui dirait «Je ne pratiquerai pas la Conduite Pure sous la direction du Bienheureux tant qu’il ne m’aura pas expliqué si l’univers est éternel ou non éternel, si l’univers a une limite ou s’il est sans limite (…) », mourra avec des questions laissées sans réponse »

Ce n’est pas nier l’existence des Dieux, mais c’est dire que le chemin qui mène au Nirvana passe seulement l’Octuple Sentier et qu’il est praticable par tout homme, indépendamment des dieux.

Le Bouddhisme ainsi présenté peut apparaître plus comme une thérapie, une morale, une philosophie que comme une religion. D’ailleurs c’est le propos de beaucoup d’occidentaux. Mais cette démarche occulte, à mon avis (mais ma connaissance du Bouddhisme est très succincte), l’existence de deux dogmes fondamentaux, à savoir : l’existence du Karma et son pendant, celle du Nirvana.
C’est aussi oublier la vie tout à fait miraculeuse du Bouddha telle qu’elle est décrite dans les écritures saintes. Et enfin, c’est faire fi de la dévotion dont il fait l’objet.
Alors est-ce une religion sans Dieu ? Peut-être…


le sourire bienveillant du Bouddha du Bayon


On verra un autre jour qu’il existe plusieurs formes de bouddhisme, la morale qui en découle et on approfondira certaines notions évoquées ici.
J’attends des spécialistes qui me lisent la plus grande mansuétude, et qu’ils n’hésitent pas à me corriger.

Posté le 15 décembre 2010 par dans Cambodge, L'Orient, Le Laos, Thaïlande, Vietnam

Une réponse to “Les Quatre Nobles Vérités”

  1. Patrice :

    21 décembre 2010 at 19:41

    Je ne suis pas moi non plus un spécialiste du bouddhisme, mais je ne pense pas que l’on puisse dire que c’est une religion sans dieu. Tu as expliqué que le bouddha affronte le dieu mauvais (j’ai oublié son nom), et que l’on peut se réincarner en dieu (moi je veux bien, mais pas tout de suite). Il y a donc des dieux, mais ils n’est pas utile de leur rendre un culte. Surtout que comme ils sont mortels, en plus…