Karma et Nirvana

Comme nous l’avons vu dans l’article précédent Siddharta est né en Inde, dans une petite ville proche du Népal actuel. Il reçut une éducation princière. Puis après avoir quitté son palais il parcourut l’Inde du nord en vue de trouver un maître capable de lui enseigner la vérité. Il est donc évident que le bouddhisme tire ses racines dans la philosophie indienne, de même que le christianisme a des racines juives.

Bonzes nettoyant des stoupas pour Pii May à Luang-Brabang

Aussi pour tenter de comprendre le bouddhisme il est essentiel d’entrevoir ce qui lui est préexistant.

D’abord la réincarnation.

Ce concept de réincarnation paraît tellement évident aux bouddhistes et aux hindous que nul ne cherche à le prouver. Il est universel, touche aussi bien les hommes que les animaux, que les choses et même les dieux. Tout vit, tout meurt tout se réincarne. Même les dieux, même l’univers. Ainsi nos notions occidentales de début et de fin sont mises à mal, pas de début pas de fin, ou plutôt des débuts et des fins qui se répètent.

Or il n’y a pas de conséquence sans cause. Ainsi chaque réincarnation est la cause de nos réincarnations antérieures. C’est cette détermination que les Indiens appellent le Karma.
La racine sanscrite « Kri » signifie « faire, créer ». Le Karma est l’œuvre que nous tissons sans cesse par nos actes, nos pensées, nos paroles. Une espèce d’énergie qui tisse notre destin et dont nous sommes les artisans.
Le karma est une force impersonnelle, une sorte de loi, qui s’applique à tous, comme la gravité par exemple. Personne n’y échappe. Chaque acte, parole ou pensée mène vers un mieux ou un moins bien. Ainsi personne ne châtie le pécheur, ce sont ses péchés qui le châtient.
Cette croyance est profondément ancrée dans la philosophie indienne. Quelqu’un demandait un jour à un aveugle comment il avait perdu la vue et celui-ci lui répondit « J’ai dû commettre un crime dans une vie antérieure ».
On touche ici quelque chose de fondamental au niveau sociétal à savoir :
Si ceux-là sont pauvres c’est qu’ils l’ont bien mérités (dans une vie antérieure) et si ceux-là sont riches et puissants, c’est pour la même raison. Si le roi est roi c’est que c’est un être bon. On voit ici clairement comment peuvent se justifier toutes les inégalités d’une société (d’aucun dirait les injustices).
Et ça va plus loin encore. En effet, toute compassion et charité sont des erreurs qui empêchent le malheureux d’expier les fautes commises dans ses vies antérieures et retardent sa rédemption. Cette notion est surtout vraie pour l’Hindouisme car le Bouddhiste fait œuvre de charité et de compassion.

Le Bouddhisme distingue six conditions que l’homme peut atteindre après sa mort :
– Celle de dieu
– Celle d’homme (homme c’est mieux que femme, mais femme c’est bien quand même)
– Celle d’Assura, ennemi des dieux, sorte de démons, de géants…
– Celle d’animal (là aussi il y a une hiérarchie)
– Celle de Pretra, des esprits tourmentés par la faim, insatiables et errants
– Celle de damné, qui peut être envoyé dans les enfers (qui n’ont rien à envier aux nôtres) ou être réincarné en montagne, en arbre, en cruche, en voiture…

Vieux bonze, qui nous a accueilli dans son dortoir à Duong-Dong au Vietnam et qui nous a offert du thé et qui a donner des bonbons à Pauline

Une autre notion parfaitement indienne antérieure au bouddhisme mais constitutive du bouddhisme est celle du Nirvana.

En sanscrit « Nirvana » signifie « disparition », « extinction ». C’est pour les Hindous, le fait de disparaître en Brahma, dissoudre son Soi dans le Soi universel ; c’est l’Absolu.
On ne peut pas dire ce qu’est le Nirvana car il est intrinsèquement différent de toutes les choses que nous connaissons. On peut dire ce qu’il n’est pas, mais la liste de ce qu’il n’est pas est infinie.
La conscience que tout n’est qu’illusion est parfaite, plus rien n’existe pour l’éveillé. C’est le Nirvana qu’a atteint Bouddha grâce à l’éveil. Ses actes, ses pensées, ses paroles ne produisent plus de Karma, il est délivré de toute réincarnation, il acquiert une conscience totale de toute chose. Les philosophes occidentaux ont, quand ils l’ont découvert, assimilé le Bouddhisme au culte du Néant. Cela les a terrifiés. Les bouddhistes y voient le but ultime à atteindre car pour eux le Nirvana est la fin de la croyance en un ego autonome et permanent.

Nous faisons souvent l’amalgame entre le nirvana et le paradis où l’on continue de vivre après la mort. C’est une erreur.

Jeunes Bonze dans les ruines d’Angkor

Voilà. Encore une fois, je prie les bouddhistes qui liraient cet article à la plus grande mansuétude et à ne pas hésiter à l’expurger.

Raf

Posté le 06 décembre 2010 par dans Cambodge, L'Orient, Le Laos, Thaïlande, Vietnam

Une réponse to “Karma et Nirvana”

  1. Bisounette :

    8 décembre 2010 at 23:47

    Je suis super fiere que ma photo soit une illustration !!